SAMY DAUSSAT
ALBUMS
"À 36 ans, Samy Daussat a parcouru tous les chemins, désormais multiples, que les disciples de Django ont tracés dans le sillage du maître. Partout il fait preuve de la même aisance, sans doute parce que sa compétence, si elle est liée à une évidente maîtrise technique, vient avant tout du goût profond qu'il éprouve pour ce langage.
Cette impression de "justesse" est souvent l'effet d'une science des détails : une note lâchée entre le thème et le chorus qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre, un coup de poignet pour faire respirer un solo, l'à propos avec lequel on saisit au vol une citation. Sa culture étendue ne l'empêche pas de laisser parler ses préférences : ici à trois reprises il tend le micro du crooner à son copain David Gastine, rappelant que la chanson peut offrir à la guitare manouche des espaces pour les plus réussis des chorus; S'en aller se frotter, avec cette guitare à l'accent si caractéristique,aux expressions contemporaines du jazz est aussi une forme de fidélité".
Patrick Williams.
Samy DAUSSAT nous offre aujourd'hui un deuxième opus où s'affirme encore davantage la "griffe" toute personnelle d'un guitariste et compositeur au savoir-faire et à la culture approfondis.
On retrouve un fond "gipsy" : Un hommage à Django avec un "Nuits St Germain-Des-Prés" au rythme d'aujourd'hui et un traditionnel du jazz-manouche "Milko" signé Titi Winterstein... et tout au long de cet album, la fameuse "pompe", assurée ici par David Gastine (un des guitaristes recherchés aujourd'hui pour ses qualités dans ce délicat exercice).
On retrouve le même David Gastine pour l'interprétation, à la fois sobre et pleine d'émotion d'un texte signé par le chanteur Babx "J'Passe Comme Une Robe". Le timbre et le phrasé de David y font merveille.
L'œuvre des jazzmen est souvent puisé dans le répertoire de chansons inscrites dans la mémoire collective. Samy DAUSSAT le sait bien et nous offre ici deux formidables exemples avec "Le Déserteur" et "La Ballade Irlandaise" complètement réappropriées.
Cinq compositions personnelles viennent confirmer les ressources créatives de Samy DAUSSAT. Dans le jazz manouche la nouveauté et l'originalité sont parmi les qualités les plus rares !
"L'invité" est souvent la cerise sur le gâteau d'un disque de jazz manouche qui se respecte, histoire sans doute d'illustrer l'indissociable convivialité attachée au genre. Pour trois morceaux nous trouverons ici le saxophoniste Pierrick Pedron, l'un des jazzman français qui comptent aujourd'hui sur la scène internationale. L'entente est parfaite entre ce virtuose de l'instrument et le trio de Samy DAUSSAT.
Nouvelle vague
La musique rock, twist, yéyé exploitée par les musiciens manouches. une idée originale !
En revendiquant sans complexe ce répertoire " yé-yé " peuplé de tubes, Samy fait travailler l'imaginaire, fouillant les recoins de nos mémoires, frappant au bon endroit.
Bien qu'il ne dédaigne pas décocher ici et là quelques flèches guitaristiques particulièrement affûtées, le leader distribue généreusement les cartes, apprêtant les couleurs (guitares, flûte, saxophone, contrebasse, batterie…), osant l'insolite et l'évidence , permettant à chacun de donner de la voix.
Sur cet album, Samy invite l'immense Tchavolo Schmitt, qui plus qu'un simple invité, se révèle ici un véritable partenaire. Le Manouche et le rock'n'roll… Qui l'eût cru ?
En pimentant sa musique, Daussat est parvenu à lui donner une saveur inédite. Et cette " nouvelle vague " – n'en déplaise à ses plus irréductibles réfractaires – affiche décidément une bien belle tenue.